L’ancien international revient sur sa carrière et les épreuves qu’il a surmonté. D’un départ précoce à Arsenal, à l’image d’un buteur guerrier pour la Nati en Coupe du Monde, en passant par le Milan AC, Philippe Senderos se confie sans détour et en toute honnêteté.
Romain Molina est un journaliste résidant en Andalousie et qui a déjà écrit bon nombre de livre traitant du football. On citera notamment «Galère Football Club», la «Mano Negra» ou encore «Edinson Cavani El Matador» . Sa chaîne YouTube qui regroupe de nombreuses anecdotes sur la facette noir du football vaut la peine d’être visionnée. À contre courant du journalisme à sensation, Romain a accordé une interview à Servettiens.ch afin de discuter du foot Suisse et de sa surprise de voir quelqu’un comme Bonneau débarquer dans le club grenat.
Le Stade de Genève va donc passer au terrain synthétique. Mais que s’est-il passé pour que le club formule une telle demande à l’Etat et à la Fondation pour changer de type de terrain ?
Il faut d’abord rappeler que la fondation Hans-Wildorf a généreusement investi 5 millions de francs suisses en 2016 pour la « Rolls Royce » des pelouses ! Finalement, nous pouvons plutôt l’appeler « la Fiat Multipla » des pelouses. En effet, cette comparaison serait plus judicieuse si on regarde son état actuel. Le terrain si beau et parfait qu’on a reçu de la fondation propriétaire du club s’est transformé à des tranchées semblables de la guerre 14-18.
On ne joue pas qu’au football à la Praille. Il y’a le Servette Rugby Club. Nous pouvons remercier « le prince du Québec » Mr.Quenenc d’avoir eu cette brillante idée. On peut comprendre qu’il était indispensable à l’époque pour un club de DIXIEME division française de jouer dans un stade de 30’000 places. Aujourd’hui, le club est en cinquième division et les matchs se jouent évidemment à guichet fermé… On comprend donc pourquoi la faible affluence du dernier SFC-Thoune. Heureusement que notre bien-aimé Majid Pishyar n’a pas créé le Servette Cricket Club.
Certain pointent l’incompétence des différents jardiner qui ont entretenu la pelouse. Mais ils ont tous affirmé qu’ils manquaient de moyen. « Parfois, je devais venir avec mes propres outils. reprend Patrice Robin. Il n’y avait rien, car on ne me donnait rien, ou pas assez. Je n’avais ni pelle ni râteau, alors je prenais tout ça chez moi.» (Le Matin, 2014) Quel triste constat quand on voit que les pelouses de certains grands clubs historiques de la Ligue de la bière (Cinquième ligue) sont mieux entretenues que celle du Servette.
Le club affirme que la votation du Pré-du-Stand a accéléré la démarche du terrain synthétique. Le SFC pensait donc que le chantier se finirait en 6 mois ? On aurait pu trouver un mensonge plus crédible. Par exemple que les différentes propagations de champignon subi par la pelouse aient donné source à une variante mutante du coronavirus et qu’il était donc impératif de passer sur un synthétique.
Il nous reste encore quelque mois pour profiter de l’odeur de la pelouse. Le point positif qu’on pourrait tirer de ce synthétique et qu’il pourrait peut fournir un prix au club cette année, celui du Genferei 2020…
A l’époque, alors que j’étais jeune et déjà très charismatique, je me rendis pour la première fois au Stade des Charmilles. En rentrant dans cette enceinte qui deviendra mon QG pour de nombreuses années, une chose me frappa : la nullité de Fabrizio Bullo et d’Alain Gaspoz mais surtout une odeur ! Celle de la pelouse. À cette époque pas si lointaine jouer sur une autre surface semblait être une douce hérésie. C’est toujours le cas dans certains pays comme l’Angleterre. Parler de gazon synthétique à un anglais c’est comme prononcer « Huitante » à Genève et cela engendrera la même sentence : Une salade de phalange à pleine puissance histoire d’éduquer le triste individu en question.
Seulement voilà, les choses ont évolué, le
fléau du synthétique à commencer à se répandre un peu partout enlevant une
partie de l’identité du football. La devise est simple « l’économie a
toujours raison ». C’est ainsi que l’on accepte de vendre son âme à cet
infâme gazon pour faire plaisir à Micheline de la Compta’. Évidemment, le
financier est comme un adversaire du PSG en huitième du finale de la Ligue des
Champions: il gagne toujours! On ne se
soucie pas de savoir les conséquences de l’aspect sportif… Les joueurs qui ne
sont pas du tout enclin face à ce changement imminent à l’image de Varol Tasar
qui s’exprimait dans la Tribune de Genève suite à la victoire face à Neuchâtel
Xamax
C’était un combat, comme à chaque fois que nous évoluons là-bas. Le synthétique rend toujours le match plus compliqué pour moi, mais je suis content d’avoir pu inscrire le 2-0 et d’avoir pu permettre à mon équipe de s’imposer grâce à celui-ci.
Avoir cela à la Praille ? Non merci !
Et le club dans tout ça?
Si
vous avez la chance de me côtoyer vous savez probablement que je suis pas le
dernier quand il s’agit d’être critique envers Servette. Pour cette fois je
vais m’abstenir car le club a pris la solution la plus facile. Effectivement,
elle ne m’enchante pas mais cela ne serait que provisoire. Après la votation
avortée du pré-du-Stand, le club n’avait pas de plan B il a donc fallut trouver
une solution d’urgence là ou les politiques ont encore une fois fait usage de
leur arme privilégiée à savoir: Fermez les yeux et ne surtout rien faire.
Un RDV prévu avec la fondation cette semaine !
En faisant abstraction de l’aspect éthique, il faut bien aller dans le sens du pragmatisme au détriment de la vision romantique et utopiste que je peux avoir de la situation. La solution de ce nouveau gazon semble de plus en plus probable. La faute à une république genevoise dont la priorité se trouve plus dans le fait de changer des panneaux plutôt que de s’occuper de problèmes un brin plus urgent, comme un centre d’entrainement pour le Servette FC par exemple… Néanmoins sachez que la Fondation est absolument contre ce changement de surface de jeu et qu’une réunion aura lieu cette semaine pour valider ou pas ce changement de gazon. Pour terminer une figure emblématique a un jour eu une réflexion que je vais me permettre de lui emprunter « Les évolutions ne sont pas toujours gages de bonnes idées, elles doivent être combattues quand ces dernières sont funestes »
N’avez-vous jamais rêvé de voir un Ballon d’Or fouler la pelouse de votre stade, porter vos couleurs et marquer d’innombrables buts devant une foule de supporters ? Un joueur ayant gagné la Coupe d’Europe des clubs champions, l’Euro et ayant participé à deux finales de coupes du monde. Imaginez un joueur de ce type signer au Servette. C’est exactement ce qu’ont vécu les supporters Grenats en 1987 avec Rummenigge. Retour sur son parcours et sur sa période grenat.
Actuellement président du conseil d’administration du Bayern Munich, Rummenigge n’est pas un inconnu dans le monde du football. Les plus jeunes ont sûrement oublié, ou n’ont jamais su, quel énorme joueur il était. Voici donc le parcours de notre cher Karl-Heinz.
Un nouveau roi de Munich
Formé au Borussia Lippstadt,
un petit club amateur, Karl-Heinz rejoint dès le début de sa carrière le Bayern
Munich. A 19 ans, personne ne doute de son talent, il s’impose assez rapidement
en tant que titulaire et aide le club à atteindre la finale de la Coupe d’Europe
des clubs champions, dès sa première saison au club. Une finale contre Leeds
United qu’il ne jouera malheureusement pas (il reste sur le banc) mais cela
n’empêche pas le club de soulever le trophée et de lancer une carrière que très
peu de joueurs ont eu.
Il ne lui fallut attendre pas
plus que l’année suivante pour atteindre de nouveau la finale de la Coupe d’Europe,
en battant des équipes comme le Benfica et le Real Madrid. Mais
cette fois, il était bel et bien sur le terrain. Il soulève donc sa deuxième Coupe
d’Europe d’affilée à seulement 20 ans.
Il est important de citer qu’il ne
jouait pas avec n’importe qui. Lors de cette finale en 1976, il jouait en
attaque avec le grand Gerd Muller, avec Uli Hoeness en soutien et personne d’autre
que Beckenbauer en défense. Quelle équipe !
Après une période un peu creuse du
club, Rummenigge montre toute l’étendue de ses talents entre 1979 et 1981, en
finissant à plus de 25 buts en championnat durant ces 2 saisons (26 buts 79/80
et 29 buts 80/81). Gagnant du coup le Ballon d’Or à deux reprises en 1980 et
1981.
(Diego Maradona et Rummenigge à la finale de Coupe du Monde 1986)
Parcours avec l’Allemagne de l’Ouest
(RFA)
Son premier Ballon d’Or
n’est pas seulement grâce à ses excellentes performances avec le Bayern Munich,
mais aussi grâce à ses prestations durant les matchs de l’équipe nationale. En
effet, lors de la Coupe d’Europe 1980, « Kalle » amène l’Allemagne de
l’Ouest en finale contre la Belgique, une finale qu’ils gagnent 2:1 avec une passe
décisive de Rummenigge. Le voilà donc Champion d’Europe.
Après cela il devient peu à peu
capitaine de l’équipe nationale et va participer à deux finales de Coupe du
Monde. Une en 1982, perdue face à l’Italie et l’autre en 1986, perdue elle
aussi face à l’Argentine de Diego Maradona, malgré un but de Karl-Heinz.
Passage en Italie
(Karl-Heinz Rummenigge et Michel Platini)
Après 310 matches et
217 buts, il prend la direction de l’Inter Milan, en 1984, pour un
transfert de 8,5 milliards de lire (l’équivalent de 5,9 millions de francs
suisse aujourd’hui). Une somme record, il faut aussi dire qu’il venait de finir
meilleur buteur de la Bundesliga avec 26 buts.
A l’Inter Milan, il eut un parcours mitigé, malgré avoir atteint deux fois les demi-finales en Coupe d’Europe sortant à chaque fois face au Real Madrid et avoir marqué 24 buts en 64 matches.
Arrivée en terres
Genevoises
C’est bien là que l’histoire avec
les Servettiens commence. Le double champion d’Europe en clubs, champion d’Europe,
capitaine de l’équipe nationale de l’Allemagne de l’Ouest et surtout double
Ballon d’Or pose ses valises à Genève.
Après une longue blessure, « Kalle »
se lance un nouveau défi. Malgré des offres
financièrement meilleures en Italie et en Allemagne, il décide de venir en
Suisse en partie grâce au président de l’époque.
« Non, croyez moi, l’aspect financier à été secondaire. J’aurai pu
gagné beaucoup plus en allant jouer dans d’autres clubs […] j’ai refusé des
offres de Pescara, Cesena et du Bayern » declara-t’il à l’illustré.
(Ici Kalle contre St-Gall)
Son premier match à lieu le 13 octobre 1987, revenant donc de blessure, il
prend du temps à trouver ses marques et marque son premier but le 13 décembre
1987 au stade des Charmilles. Puis il echaine,
comme par exemple son triplé contre Young Boys ou doublé contre Xamax,
pour ne citer que ceux-là. Il finit la saison avec 10 buts en 17 matches.
Numéro 11 sur le dos, il est innarêtable. Il faut dire que là aussi il est bien entouré. Avec le brésilien José Sinval, le Danois John Eriksen (36 buts en 34 matchs !), Lucien Favre à la baguette et Pascal Besnard l’équipe joue très bien. Mais elle finira malheureusement à la deuxième place derrière le rival Neuchâtelois.
En
Suisse alémanique Rummenigge attire les foules, par exemple lors du déplacement
à St-Gall, le 24 avril 1988, pas moins de 13’000 personnes sont venues voir le
match. Un match où il ravi ses fans en marquant un but de la tête.
Sa deuxième saison en Grenat est encore meilleure, en tout cas individuellement. On peut citer son quadruplé contre St-Gall ou son doublé face aux Lausannois à la Pontaise. Il finit sa deuxième saison avec 25 buts en 37 matchs. Un bilan permettant à Servette terminé deuxième de son championnat.
(Rummenigge, 3ème en partant de la droite, avec d’autres visages familier, Lucien Favre, 1er en haut a gauche, et Pascal Besnard, tout en bas à droite)
Un court passage de 2 ans au club, mais tout de même, un joueur d’une telle réputation qui finit sa carrière à Servette il n’y en a pas eu beaucoup. De plus, comme il le disait lui-même, il n’était pas venu pour une retraite dorée et effectivement les statistiques ne mentent pas.
Suite à sa grande carrière de
footballeur Kalle a été commentateur pour l’équipe d’Allemagne sur une chaine
TV, avant de devenir vice-président du Bayern Munich en 1991 et puis président
du conseil d’administration du club avec ses bons vieux amis tels que Uli
Hoeness et Beckenbauer.
Espérons à l’avenir revoir d’aussi
grands joueurs au club que ce soit pendant ou en fin de carrière.